mardi 27 janvier 2009

Roberto Saviano ou le pouvoir de l’écrit


Après la présentation de l'engagement citoyen de Stéphane Hessel, il nous parait indispensable d'apporter notre soutien à Roberto Saviano, présent actuellement à Paris. Invité par la Fédération Internationale des Droits de l'Homme, l'auteur de Gomorra fait un tour d'Europe.
En fin de semaine dernière il était reçu par Bertrand Delanoë pour la remise de la médaille Grand Vermeil de la Ville de Pais".



On pensait qu’il vivait dans une protection policière telle qu’il devait rester invisible et en exil, mais, vendredi soir, dans le centre de la Capitale, on a eu la grande chance de rencontrer le talentueux philosophe et écrivain napolitain.
Roberto Saviano, l’auteur de Gomorra, condamné à mort par la Camorra pour avoir dénoncé le pouvoir des maffias et des clans trafiquants de drogue et tous les produits manufacturés, en Italie comme en Espagne, était en effet de passage à Paris à l’invitation de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme qui entame avec lui un tour des capitales. « Une façon de le protéger car il a su viser juste, mais aussi de nous battre partout où cette terrible et insidieuse forme de corruption existe », explique la présidente de l’association.
Le jeune écrivain de 29 ans tient à préciser, en souriant : « ce n’est pas moi qui représente un danger pour la Camorra mais mes lecteurs car mon livre a eu un grand succès ». Rappelons qu’un million et demi d’exemplaires de cet ouvrage (édité en France par Gallimard) ont été vendus à travers le monde et que le film adapté est actuellement diffusé (dans le 5ème on peut le voir au cinéma le Panthéon) aussi à travers le monde et qui sera présent aux Césars.
Pour Saviano, qui garde une force d’indignation égale, « ce sont bien les droits de l’Homme qui sont en jeu car le tissu économique et social du monde occidental se trouve infiltré par ces dangereuses entreprises criminelles. Elles altèrent le marché, les banques, toutes les activités humaines. Il faut donc bien davantage de contrôles sérieux sur ces capitaux qui nous arrivent ». Et, il remarque : « tous ceux qui ont parlé ou écrit sur ces associations criminelles deviennent des victimes, ainsi Anna Politovskaia, qui a fait de la situation en Tchéchénie un problème international, qui a obligé la communauté internationale de s’en occuper. De la même façon, l’auteur du livre sur le parrain bulgare vient d’être tué. Car l’écrivain écrit, multiplie sa parole par le livre, fait savoir aux autres, c’est en cela qu’il devient un danger pour les activités cachées qui, elles, s’emploient à le délégitimer ou à le faire disparaître ».
Quand on interroge, sur ses projets, ce jeune homme réfléchi qui ne peut pas dormir deux soirs à la même adresse, il assure, citant Primo Levi, que ce qui l’intéresse c’est la littérature, la force de l’écrit, la force de la résistance afin de se venger de ceux qui le forcent depuis deux ans et demi à vivre ainsi. Il parle aussi de la puissance d’une « citoyenneté universelle » à mobiliser contre tous ces dangers.
Roberto Saviano a reçu des mains de Bertrand Delanoë, la médaille grand vermeil de la Ville de Paris, « afin de vous signifier notre reconnaissance pour vos combats, notre admiration pour votre courage et notre volonté de protéger, si possible, votre vie » lui a glissé le Maire.

Béatrice