vendredi 6 février 2009

Procès Tiberi 3éme journée : les employés de la mairie

Erratum.
Hier, nous avons commis une erreur sur le prénom et le nom de Monsieur Nantien : il s’appelle Raymond et non Bernard. Toutes nos excuses à nos lecteurs et à Monsieur Nantien

Comme l’a annoncé le Président, il s’agit de présenter les acteurs de cette affaire, de dresser le décor, l’ambiance et les structures de la marie. Les précisions sur l’affaire elle-même viendront plus tard, dans d’autres interrogatoires, et des confrontations.
Voici donc les petites mains, les employés modèles. Au fur et à mesure qu’ils se présentent à la barre, la stupeur mêlée d’incrédulité laisse peu à peu place au sentiment chez chaque spectateur citoyen du 5e d’avoir été quotidiennement floué !

UN SPORTIF AU BUREAU DES ELECTIONS

Le premier est Olivier Fabre. Il range discrètement le chewing-gum qu’il ne cesse de mâchonner mécaniquement depuis le début du procès et se tient légèrement appuyé, dans une pose faussement décontractée. Monsieur Fabre 46 ans a débuté à la Mairie de Paris comme animateur vacataire, puis il a passé un concours pour être agent administratif catégorie C avec comme premier poste, le service de l’état-civil à la mairie du 5e. Il a fait toute sa carrière à la mairie. Il se dit « autodidacte et sportif ». Cheveux ras, grand, mince dans son T-shirt à manche longue col en V, il affiche une certaine aisance d’allure. En 1987, il a demandé à être muté au bureau des élections parce que « l’état-civil au bout d’un moment ce n’est pas très intéressant » ! Il dit avoir été « formé sur le tard » (sur le tas ?) par sa chef Madame Leclerc. A l’époque, la secrétaire générale était madame Tremblay, celle ci n’est pas restée longtemps.
-« Elle a été évincée » avez-vous déclaré observe le Président.
Un long silence suit. Il hésite. Le Président insiste et lui demande d’expliquer ses mots. Il cherche un long moment et finit par dire :
-C’était une querelle de femmes entre Madame Tibéri et madame Affret d’une part, madame Tremblay d’autre part.
On n’en saura pas plus. On lui demande des précisions qu’il donne laborieusement : Les deux personnes décisionnaires à la mairie étaient madame Affret et madame Tibéri. Il dit n’avoir pas vu de conflit mais d’une manière sibylline ajoute : « juste la présence physique suffit à déstabiliser ! ».
Olivier Fabre voit se succéder les chefs à son bureau : madame Leclerc, puis un autre puis encore madame Leclerc puis finalement, en 1992, Monsieur Morisset qui sera remercié par Raymond Nantien. « Pour quelles raisons à votre avis ? » s’enquiert le Président.
-Il venait des services centraux, et sa carrière était importante. Il n’avait jamais eu affaire à des élus et il avait des problèmes avec la hiérarchie, il ne trouvait pas sa place. Il est parti en 1993.
Après son départ le poste reste vacant un an. Puis il est nommé chef en mars 93. Comment ?
- Tout naturellement, j’étais le plus ancien, j’avais été formé depuis le temps que j’occupais le poste. Et puis pendant que le poste était vacant, je faisais fonction de chef. Nous étions tous, les quatre personnes du bureau, de catégorie C .
- Il n’y a donc pas de recrutement extérieur ?
- A Paris, en général, ces postes ne sont pas très courus. Ils sont en général pourvus en interne. Mais en tant qu’animateur et sportif, j’ai l’esprit d’équipe et une autorité naturelle, je suis un meneur d’homme, je répartissais les tâches, je tenais l’équipe en cohésion.
- Et Monsieur Nantien avait l’aval du Maire ?
- C’est certain ! Il ne prenait aucune décision sans en aviser le Maire.
- Vous saviez comment Monsieur Nantien qui était parti dans le 14e était revenu secrétaire général de la mairie ?
- On n’en a jamais parlé. Ca me semblait naturel.
Le mot naturel revient souvent dans la bouche de Monsieur Fabre. Pour lui, ce qui est naturel semble procéder d’une règle non écrite et incontournable. Ce qui naturel est imprescriptible.

UNE ADRESSE EMBLEMATIQUE ET DEPRIMANTE

Or l’animateur si tranquille, si équilibré, le sportif « de catégorie régionale », ( il ne dit pas dans quelle discipline) change complètement au moment où éclate l’affaire judiciaire. Il raconte :
- La moutarde montait à la mairie ! J’ai senti qu’il fallait que je parte. Il y avait une pression psychologique ambiante, il me fallait l’aval de ma hiérarchie pour obtenir ma mutation et je n’étais pas certain de l’obtenir !
- Comment avez vous fait ?
- Sur un coup de tête, j’ai pris un mois de congé puis trois mois d’arrêt de maladie. . Nous avions subi une perquisition très éprouvante, très longue. Mon fond intérieur me dictait de partir.Je suis parti du jour au lendemain sans prévenir personne. Psychologiquement, je ne pouvais plus monter les marches du grand escalier à cette adresse emblématique
Olivier Fabre, quitte la mairie en 1999, retrouve un poste à la direction de la vie locale et régionale mais n’évite pas une garde à vue en 2000.
Il est ensuite interrogé sur son cursus : brevet d’animateur puis agent administratif, sur concours. Pas d’autres études. Il l’a dit et il le répète : « formation sur le tard ! ». Mais connaît-il le Code électoral ? Non il ne l’a jamais lu. Les inscriptions automatiques ? Il lui faut un moment pour se souvenir « qu’il doit s’agir des jeunes mineurs ayant atteint 18 ans mais c’est assez compliqué à appliquer ! » et la Circulaire ministérielle de 1980, remise à jour en 2002 ? Il sèche lamentable et avoue finalement « je l’ai sûrement vue ! »
- Finalement dit le Président à quoi sert le bureau des élections ?
- A recevoir les gens qui veulent s’inscrire, à tenir à jour les listes suivant les décisions des commissions administratives.
- Justement comment étaient elles composées ces commissions administratives ?
Il explique puis ajoute « en général, comme dans tous les arrondissements, on a du mal à trouver des gens alors on demande au maire s’il connaît des gens ».
-Mais alors, si les membres des commissions étaient choisis par le maire, ils allaient dans son sens ?
Fabre confirme : « Ah oui, c’était une chambre d’enregistrement ! ». On lui demande encore s’il sait s’il y a des incompatibilités pour nommer les membres de la commissions et il bat en retraite « Honnêtement ce n’est pas ma partie ! ».
Mais enfin s’impatiente le Président, vous avez bien du vous former ? Suivre des stages ?
Oui ! Un stage d’informatique pour un logiciel de saisie !
Dans la salle, on avait d’abord souri, puis peu à peu, l’idée que ce chef du bureau des élections exerçait sans aucune formation apparaît clairement et il y a comme une sourde rumeur que le Président fait taire illico.
Alors on passe aux relations avec la Mairie :
-Jean Tibéri ? Je le voyais très rarement, Ce n’était pas un maire très proche du personnel. Il ne passait jamais au bureau serrer des mains. Je le rencontrais à la cérémonie de début d’année pour les employés de la mairie.
Madame Affret ? Comme première adjointe et présente tous les jours, elle était proche des employés et amicale mais elle ne s’immisçait pas dans les affaires du bureau.
- Vous avez entendu Monsieur Nantien parler de madame Tibéri et madame Affret comme les « deux bras droits de monsieur Tibéri » qu’en pensez vous ?
Madame Affret jouait son rôle d’élue, madame Tibéri celui de l’épouse et porte-parole du Maire.
-Elle donnait des ordres ?
-C’est femme forte, forte tête. Quand elle avait quelque chose à dire, elle le disait ! Je n’étais pas au courant de tout mais je pense bien qu’elle s’immisçait dans tous les dossiers.
De longs silences, des hésitations, des mots vagues comme « en général « , « naturellement », « ambiance »…Il s’accroche parfois à la barre, parfois agite les doigts de manière complètement machinale. On a l’impression qu’il hésite sur les pans de vérité à dévoiler et ne sachant pas, se contente du minimum.
Son long interrogatoire laisse entrevoir, une petite population d’employés aux ordres avec des intermédiaires plus ou moins informés. Lui s’attache à apparaître comme un chef de bureau sérieux, renvoyant les responsabilités sur Raymond Nantien, son adjointe Véronique Bourgeix et Anne-Marie Affret mais il ne serait-il surtout le dindon d’une farce qui dure depuis plus de quinze ans.

DU PROTOCOLE A LA PERMANENCE

Patrick Mondain, 56 ans, lui succède. Il a débuté comme agent contractuel à la Ville de Paris au service du matériel. Chiraquien, militant RPR, de 1980 à 1993, il était au service du protocole à la Ville de Paris comme adjoint technique. Grand, cheveux gris, costume bleu bien coupé, il possède toute l’élégance de l’emploi. En 1993, le voici affecté au service de Anne-Marie Affret et il a nettement le sentiment d’un déclassement. Il était « l’homme à tout faire, le chauffeur, le coursier ». Il accompagne la première adjointe dans l’arrondissement, s’occupe de l’acheminement des enveloppes qu’il s’agisse du bureau ou de la permanence « qui forment un tout ». Il voyait de temps à autre Madame Tibéri mais celle-ci lorsqu’elle venait voir madame Affret s’isolait avec elle dans un autre bureau. Il a néanmoins surpris « des conversations en corse ou en italien ». Selon lui, madame Affret jouissait « d’une grande liberté d’action pour des tâches très diverses et n’en rendait compte qu’au Maire et n’en faisait qu’à sa tête. Son bureau était une ruche avec des bénévoles qui passaient ». Patrick Mondain étant militant RPR fréquente aussi la permanence de monsieur Tibéri, rue Vésale où se rend parfois madame Affret. Il garde un mauvais souvenir de celle-ci : « Une exaltée qui passait ses humeur sur moi qu’elle traitait comme son larbin. Enfin, c’est une Italienne au sang chaud ! ».
En juin, 1995, Jean Tibéri devenu maire de Paris, Patrick Mondain est enchanté de quitter « la ruche et l’ambiance étouffante du 5eme », pour entrer au service de madame Tibéri. Il tient son agenda, gère son courrier et les demandes qu’elle reçoit.
On peut se demander si ce grand escogriffe, très digne a trempé dans la fraude, pour l’heure on ne lui demande que des détails : « Oui, j’ai eu à remplir des formulaires quand j’étais sous la coupe de madame Affret ».
- Sous la coupe ? s’étonne le Président.
Mondain visiblement se demande s’il a dit le mot juste, s’il n’a pas exagéré. Il réfléchit.
- Je dépendais d’elle, on ne discutait pas ses ordres de toutes façons !

Aujourd’hui, Patrick Mondain après avoir connu son heure de gloire en étant chef du protocole pour les réceptions privées lorsque Jean Tibéri était à la Mairie de Paris, a été titularisé comme agent administratif. Et semble-t-il ça lui convient.

«UNE AMBIANCE CANDIDE »

Farida Sahnoune tranche sur le gris et le noir des autres prévenus. Elle s’avance majestueuse dans une veste imprimée panthère.A la barre, elle déclare d’emblée et à forte voix qu’elle a travaillé depuis l’âge de 17 ans dans la confection. Après 30 ans de bons et loyaux services dans plusieurs entreprises textiles, et avoir élevé trois enfants, elle a été mise au chômage en 2000 ! « C’est dur ! ». Son ex mari connaissait le couple Tibéri, c’est ainsi qu’elle est logée rue Poliveau.
Farida Sahnoune doit beaucoup au couple Tibéri et à madame Affret. Ainsi, alors que militante RPR, elle était bénévole à la permanence de la rue Vésale, madame Tibéri, l’a remarquée et l’a emmenée au commissariat du 5eme. Là, elle a été assermentée par le commissaire. « Cela m’a permis d’être commissaire de police pour les procurations ! Avec Ginette Hardhuin (aujourd’hui décédée), nous allions dans les hôpitaux et les maisons de retraite et nous recueillions les procurations ! Au moins, j’étais employée et payée ! ». La carrière de bénévole –parfois payée- de Farida continue : « Ensuite j’ai été parachutée (sic !) à la mairie du 5eme pour être la petite main de Ginette Hardhuin qui était la secrétaire de madame Affret pour la permanence. Enveloppes, rédaction d’adresses, Farida a le cœur à l’ouvrage, elle le dit : « Je suis une battante, passionnée, le travail ne m’a jamais fait peur. ». Elle fait vite connaissance de toute l’équipe : Patrick Mondain, Madame Mercier la secrétaire personnelle de madame Affret, Monsieur Bertoliatti, huissier qui fait le lien entre la rue Vésale et la Mairie et aussi le Secrétaire Général, Raymond Nantien, et son adjointe Véronique Bourgeix. Bref, madame Sahnoune est heureuse. A ses yeux, madame Affret est « une femme d’action sur laquelle les Tibéri se reposent entièrement. Une personne irremplaçable et sympathique. Avec elle on avait même des fous rires. L’ambiance était candide ! » conclut-elle sans qu’on sache vraiment ce à quoi elle fait référence.
Elle voit régulièrement Madame Tibéri. Son récit s’égare un peu lorsqu’on lui demande s’il est exact que Madame Tibéri et madame Affret se parlaient en corse : elle répond qu’elle connaît bien les Corses et la Corse elle y a été en vacances…Débonnaire, mais futée, Madame Shanoune se limite à dire « ce qu’elle a envie de dire » et ne reconnaît qu’une chose c’est que madame Tibéri donnait ses ordres par l’intermédiaire de madame Affret. Quant à savoir si quelqu’un lui a parlé, lui a demandé comment s’était passé sa garde à vue, elle ne s’en souvient pas du tout !
Là dessus, elle quitte la barre et fait voile sur son fauteuil toujours aussi majestueusement.


DES MENACES VOILEES MAIS PRECISES

Annick Mercier, 53 ans l’ancienne secrétaire de Madame Affret lui succède et l’ambiance change du tout au tout. C’est une femme apeurée qui a du mal à s’exprimer.
-Libérons la parole, l’audience est faite pour cela, madame, dit le Président.
Mais la parole d’Annick Mercier n’est pas libre du tout. Née à Ambroise, elle a travaillé au secrétariat de Michel Debré pendant dix sept ans, et fond en larmes en comparant les conditions de travail à Ambroise et à Paris dans le 5ème. Venue à Paris après un divorce, grâce à l’intervention de son ancien patron, elle a été affectée à la mairie du 5ème au secrétariat de madame Affret « qui a été vraiment humaine avec elle, alors qu’elle traversait une période où elle était complètement perdue sans repère, sans amis. ». Son travail consiste en un secrétariat normal : agenda, rendez-vous, courrier…et les demandes de services dans tous les domaines que reçoit madame Affret. Elle travaille parfois avec Marina Aja, la nièce de madame Affret affectée à sa permanence. Quand elle parle de sa patronne, elle dit, elle aussi, « quand j’étais sous sa coupe ». Et on ne saura jamais si, à la marie du 5ème, être sous les ordres est véritablement « être sous la coupe » de quelqu’un ou si il ne s’agit que d’une erreur de vocabulaire !
Elle précise, tout en assurant qu’elle était contente de travailler avec Madame Affret, que toute l’équipe « était sous une forte contrainte. Elle donnait des ordres oralement mais avec autorité et transmettait ceux de madame Tiberi ».
Au fond, si cette affaire n’avait pas éclaté au grand jour, il eut été possible qu’Annick Mercier fasse toute sa carrière administrative dans le 5 eme. Mais, première surprise, après sa garde à vue, alors qu’elle aimerait parler de l’affaire, « c’est le black-out total ». Seconde surprise, même chose, après la perquisition à la permanence. Toutefois, et apparemment sans que ceci ait un rapport avec cela, Annick Mercier qui cherchait un logement s’en voit attribuer un par monsieur Tibéri, quelques jours avant sa garde à vue. Elle s’y installe. Et dernière surprise, un matin, elle trouve devant sa porte une montagne de plumes. « Haut comme ça » dit elle en tenant sa main à la hauteur de sa taille. Ca lui a fait peur, très peur, cette histoire de plumes. Elle a déposé une main courante au commissariat.
Elle ignore le sens exact de ce geste mais elle a bien deviné qu’il y avait dans ces plumes une volonté de menace et depuis elle a peur. D’autant qu’à la mairie, personne ne lui a expliqué. « Pas un mot, pas un soutien » précise-t-elle en sanglotant. Un long silence passe.
-j’ai l’impression que vous voulez nous dire quelque chose, madame, encourage le président.
Elle soupire puis :
- « J’étais une fonctionnaire honnête pendant dix sept ans avec Monsieur Debré mais là, on m’a rendue malhonnête. J’ai bien conscience que j’ai commis des fautes. Mais j’ai suivi les ordres ! ».
Son avocat intervient pour signaler :
-Puis-je rappeler la réflexion que nous avons entendue : « la présence physique suffit au malaise » !
Et il est vrai que, tandis qu’Annick Mercier regagne sa place, toute la salle ressent le malaise.
Jusqu’ici, nous étions dans une sorte de Clochemerle. Maintenant, les mots « pressions psychologique », « être sous la coupe », « impossible de ne pas obéir », ces expressions prennent tout leur sens.

UNE FEMME DU MONDE EGAREE

Avec Madame Havre, épouse d’un architecte, qui a été lui aussi entendu, le ton change. Elle est « sans profession » mais ardente militante au RPR depuis 1979. Evidemment, elle était à la permanence de la rue Vésale rendant de menus services et a donc bien connu tout ce petit monde, surtout dans des occasions mondaines, « dans les cocktails de la mairie ». « Mon mari, dit-elle, connaissait beaucoup plus de monde, il est très public relation » ajoute-t-elle en accentuant à l’anglaise le dernier mot. Pour l’instant, comme il ne s’agit que de présenter les acteurs et le décor, elle n’a pas grand chose à dire, sinon qu’elle ne fréquentait guère la permanence d’Anne Marie Affret ou celle du maire, place du Panthéon sauf une fois en 1979 où elle a rencontré madame Tibéri pour demander une place en crèche pour sa fille.
On se demande ce qu’elle fait là : elle vit dans le cinquième dans un appartement qui appartient à sa famille depuis deux génération, elle aide son mari et reçoit pour lui : une femme du monde, étourdie que son militantisme a égarée ? C’est du moins l’impression qu’elle donne.

UNE FONCTIONNAIRE PLEINE DE MERITE ET DE PROMOTIONS

La dernière à la barre, c’est Jaqueline Mokricky. Fonctionnaire de catégorie C, quand, elle est affectée en 1990 au secrétariat de Jean Tiberi à la mairie du 5eme. C’est une fonctionnaire exceptionnellement compétente : elle est passée en en huit ans, de la catégorie C à A sans aucun concours mais par une promotion interne à la marie du 5eme, et depuis 1998, elle est chef de cabinet. Fait rarissime dans les annales de la Ville de Paris. Elle n’a rien vu, rien entendu, n’a jamais fréquenté les permanences sauf de temps à autre, celle de madame Affret mais « parce que le magasin des fournitures est juste à côté » ! Elle tenait la permanence de Monsieur Tibéri deux fois par semaine et gérait toutes les demandes qui lui parvenaient dans tous les domaines. Elle n’a aucun souvenir de réunion avec Madame Tibéri et ou madame Affret, aucun souvenir de dysfonctionnement, elle ne s’occupait pas du tout de ce qui concerne le plan politique. Elle ne semble pas avoir conscience que son dernier poste est politique. En fait, elle est frappée d’une discrète forme d’amnésie.
Le président insiste, lui demande si elle était informée de ce qui se passait à la mairie, dans les permanences…Il la tarabuste un peu. On voit Jean Tibéri s’énerver, s’adresser à son avocat. Sa collaboratrice de toutes façons, reste de marbre.
Finalement, lorsque le président lui demande si elle a noté un quelconque changement d’ambiance à la mairie après 1997, elle répond platement :
- Bonne ambiance, nous avons continué à travailler comme avant.
Elle retourne s’asseoir. Pas une mèche de son impeccable brushing n’a bougé.