L'ambiance était tendue jeudi 30 avril 2009 en soirée à la Mairie du 5ème où se tenait le dernier Conseil d'arrondissement avant l'annonce du jugement du tribunal Correctionnel sur l'affaire des faux électeurs. Dans l’attente de ce verdict, la famille Tiberi était doublement sous pression après la remise des clés de la permanence de Jean Tibéri, rue Vésale qui faisait suite au jugement de la Cour d’appel de Paris.
En entrée, l’ordre du jour comportait une communication sur les comptes administratifs.
Il y avait matière à s’interroger sur le désir de fatiguer l'assistance car la lecture des comptes par Christian Saint Etienne faillit nous endormir. Peu d'explications, peu d'analyse, une litanie de chiffres, ce qui fit réagir les élus de l'opposition qui avaient lu le dossier. Ils posèrent des questions, la tension monta et l’assistance comprit que la soirée serait chaude.
Le point suivant concernait l'approbation, en urgence, des subventions pour pratiquement tous les cinémas d’art et d’essai de l’arrondissement (d’un montant total de plus de 500.000 euros).
Tous les élus cherchaient à en tirer bénéfice, d’un côté « c’est mon père qui a mis cela en place… », de l’autre côté « c’est nous qui avons augmenté les budgets… ».
Le plus important finalement est de préserver ces cinémas d'art et d'essai. Vu les sommes en jeu, il faudrait sortir de la profession de foi stéréotypée que l'on entend chaque année et avoir une idée d'ensemble sur l'étendue de cette politique culturelle, sur la fréquentation des salles, sur la typologie des spectateurs, sur l'existence ou pas de synergies avec les établissements scolaires et universitaires,.... En fait un vrai dossier qui permette de se rendre compte du véritable impact de l’argent des contribuables.
Enfin, le plat de résistance fut abordé.
L'opposition a présenté un voeu pour proposer que dans l'immeuble de la Rue Vésale, jusqu’alors occupé par la permanence du député Jean Tibéri et maintenant libre de toute occupation à la suite d’un jugement de la Cour d’appel de Paris, soit installé un centre d’hébergement d’urgence destiné aux personnes sans abri.
La majorité municipale au sein du conseil d’arrondissement a présenté un contre vœu demandant une concertation préalable à tout projet et dénonçant une décision déjà prise.
Mais l'introduction du sujet figea le Maire d’arrondissement quand l'opposition lut les attendus du jugement d'expulsion. Les faits sont pourtant assez simples :
1) Ce bâtiment n’a pas été loué à un parti politique mais personnellement au député Jean Tibéri ;
2) Le bail concernait 145 m2, mais en fait tout l'immeuble, d’une surface de 180 m2, était utilisé pour des activités politiques ;
3) De 1976 à 2002 le prix de location était « symbolique » (100 Francs par mois pour l’ensemble de l’immeuble) ;
4) En 2002 la Ville de Paris a proposé une nouvelle convention, fondée sur la valeur du marché et le respect de la législation relative à la transparence financière de la vie politique. Cette proposition a été refusée par le député du 5ème.
Naturellement la majorité municipale au sein de l’arrondissement crie au scandale, dénonce un bâillonnement de la démocratie à Paris, dénonce le favoritisme vis-à-vis du PS. Insinuations déjà entendues lors du Conseil de quartier Jardin des Plantes.
A cela, l'opposition au sein du conseil d’arrondissement répond que le PS dispose rue Saint Jacques d'un local « immense » de 20 m2 qui est loué à son nom et non pas à l’un des ses membre intuitu personae, au prix de 26.25 € du m2 soit plus du double de la proposition la plus chère faite par la Ville de Paris à Jean Tiberi pour l’immeuble de la rue Vésale.
La majorité face à la réalité des faits a d’abord persisté en poursuivant l’amalgame entre « local d’un parti politique » et « local utilisé à des fins politiques par un candidat ou un élu ». Ensuite, elle a déplacé le débat sur l'absence de concertation dans la prise de décision de création d’un accueil d’urgence pour les sans abris.
Avec surprise, elle poursuivit en évoquant les vertus de la démocratie participative et l'urgence de tenir un conseil de quartier.
Cette demande de concertation pourrait paraître démocratique si on ne se rappelait pas la réunion publique tenue sur le restaurant de la rue Santeuil et l'opposition violente qui avait été organisée.
D'autre part, il ne faudrait pas confondre conseil de quartier et réunion politique organisée.
Etienne Dolet a rapporté des expériences de démocratie participative où, dans d’autres communes ou d’autres arrondissements, les conseils de quartier présidés par un non élu, permettent à ses membres d’avoir un véritable pouvoir d'enquête et de proposition.
Il est déjà prévu que le prochain conseil de quartier du Jardin des plantes soit consacré à la problématique du boulevard Saint Marcel et des aménagements souhaitables. Nous pouvons d’ores et déjà parier que cette réunion va dériver et se transformer en réquisitoire contre ce projet de centre d’hébergement d’urgence.
Où sont les valeurs de solidarité de la France ? Où sont les élans du député Jean Tiberi demandant il y a quelques mois à ce que soit construit de nombreux lieux d'accueil pour les sans abri?
Occupons nous donc des sans-abri, mais comme nous avons déjà eu à le rapporter sur « Etienne Dolet », qu’ils restent en dehors de notre 5ème !
A la Mairie de Paris de trouver les modalités d'une information complète sur le projet et son intégration dans la vie de quartier.
Etienne Dolet propose qu’une commission mixte réunissant les membres du conseil de quartier (habitants, associations), les équipes en charge du suivi des sans abris, la direction des affaires sociales de la Mairie de Paris et un représentant de la majorité et de l'opposition dans le 5ème soit mise en place.
Derniers contre-feux de la majorité :
Un voeu sur le service minimum dans les écoles et sur l'incompétence des personnes assurant la surveillance des enfants à la cantine. Mais comment pourrait-on garder des enfants si en l'absence des professeurs la seule solution serait de recourir à ces personnes jugées incompétentes !
Un voeu sur les maisons de retraite et l’absence d’accueil prioritaire pour les habitants du 5ème ; avant de prendre position sur ce sujet l'opposition a souhaité connaître de manière détaillée les raisons des choix effectués au profit d'autres parisiens (urgence, rapprochement familial, .......). Il paraît bien étrange que la majorité du conseil d’arrondissement mette en doute les critères d’attribution des places en maison de retraite alors que pendant la précédente mandature elle a refusé la mise en place d’une commission pour l’attribution des logements et qu’elle continue à manager la commission mise en place comme un « domaine réservé » de même que la commission d’attribution des places en crèche !