Le second sujet à l’ordre du jour du conseil de quartier Sorbonne de mercredi dernier était le projet d'installation d'un magasin Franprix, rue Cujas
Miracle de la démocratie tout le monde est subitement d’accord pour que l’installation d’un nouveau supermarché dans l’arrondissement soit bloquée; droite, gauche, commerçants.
Pour les commerçants les enjeux sont clairs ; la guerre que se font les grands groupes de distribution pour s’implanter dans les quartiers de la capitale font monter les prix des loyers et incitent leurs propres propriétaires à s’aligner sur des niveaux de prix qui les asphyxient.
Le 7 décembre 2010, l’AFP révélait l’avis de l'Autorité de la concurrence (n°10 A 26 du 7 décembre 2010) relatif aux contrats d'affiliation de magasins indépendants et les modalités d'acquisition de foncier commercial dans le secteur de la distribution. Ce rapport soulignait le caractère particulier de Paris en matière d’implantations intra-muros du supérette (page 22) : « Le cas de Paris apparaît comme étant particulièrement frappant à cet égard puisqu’un opérateur y détient, soit par le biais de magasins intégrés, soit par le biais de magasins affiliés, plus de 60 % de part de marché en surface de vente, son suiveur immédiat en détenant moins de 20 %. ». Les agences immobilières se simplifieraient la vie en proposant systématiquement les grands locaux à ces grands groupes.
Pour les parisiens, qui ont de moins en moins de moyens de locomotion individuelle permettant de faire ses courses dans les hypermarchés plus éloignés, il est indispensable que Paris conserve des commerces de proximité et que les prix pratiqués dans leurs supérettes soient justes.
En effet, nous devons être vigilants sur le prix à payer, sur les prix payés. On peut parfois s’étonner des prix pratiqués dans l’arrondissement qui sont très nettement supérieurs à la moyenne parisienne et à la moyenne nationale. Il est difficile de vouloir préserver une mixité sociale et de ne pouvoir proposer aux habitants à revenus modestes que des prix qui parfois s’apparentent à de l’ « épicerie de luxe ».
Le sujet est complexe, Etienne Dolet n’a pas la réponse mais se doit de poser la question si on ne veut pas que Paris et notamment notre arrondissement soit réservé aux revenus les plus élevés. Son thermomètre est factuel ; la longueur de la queue sur le marché devant les magasins réputés pour pratiquer des prix bas et l’heure de constitution de cette queue ; de plus en plus longue, de plus en plus matinale.
La loi LME ôte à la Mairie de Paris tout droit de regard sur les implantations dont la superficie est supérieure à 300 M2. Face aux risques de situation non concurrentielle, la seule solution est de faire intervenir l’Autorité de la concurrence ; Lyne Cohen-Solal indique que cette demande a été faite suite à un vote du Conseil de Paris et que nous devons patienter jusqu’à fin septembre
Pour des cas comme la Rue Cujas ou la Rue de la Harpe, les moyens sont plus importants et le PLU est le principal outil de frein à la démultiplication des supérettes. Le classement dans le PLU de l’immeuble de la Rue Cujas en CINASPIC (constructions et installations nécessaires aux services publics ou d'intérêt collectif) justifierait le refus de permis de construire prévoyant le changement de destination du local.
Le bailleur, frustré de faire une bonne affaire, est venu plaider sa cause en conseil de quartier ; s’il est dans l’impasse il serait dommage que la Mairie de Paris et la Mairie d’arrondissement, en mettant de côté toute polémique partisane, ne travaillent pas ensemble pour que ce « CINASPIC » soit destiné à améliorer la vie des habitants du 5ème. La fin de la réunion ne laisse pas présager cela mais attendons, on ne sait jamais!!!!