Samedi 6 octobre, notre arrondissement a été le témoin d'un moment fort de notre politique culturelle et de notre politique en faveur de la biodiversité.
Les deux sujets étaient convoqués au Muséum d'Histoire Naturelle à l'occasion du 20ème anniversaire de la rénovation de la Grande Galerie de l'Évolution.
Après la Seconde Guerre mondiale, la Grande Galerie est un lieu à l’abandon
Comme le rappela Thomas Grenon, directeur général du Muséum dans son discours de bienvenue, ce lieu, création de la Convention républicaine en 1793, était à l'abandon après la Seconde Guerre mondiale, lorsque les collections furent déménagées en hâte afin d'être protégées. En 1945, les moyens financiers alloués au Muséum ne permettent pas de réparer et d'entretenir la galerie. Sa fermeture définitive est prononcée en 1966. En 1968, à la suite d'une campagne médiatique sur le thème du patrimoine en danger, les chercheurs du Muséum obtiennent la construction en urgence d'une toiture provisoire en zinc. Elle protégera la galerie et les spécimens, mais plongera les présentations dans la pénombre. La galerie n'est plus alors qu'une immense cathédrale immobile.
En 1989, la Grande Galerie de l'Évolution : un projet muséal ambitieux qui va révolutionner le monde des musées d'histoire naturelle.
Lors d'une visite impromptue, François Mitterrand est saisi par la richesse des collections et frappé par leur mise en valeur insuffisante. Il décide d'inscrire en1989 cette rénovation parmi les Grands Travaux de l'Etat. Un concours international d'architecture est organisé par l’Education nationale et le MNHN. Il est remporté par les architectes Paul Chemetov et Borja Huidobro associés au scénographe René Allio et à l'architecte muséographe Roberto Benavente.
Les animaux seront restaurés par trois taxidermistes dans un hangar situé entre les rues Buffon et Poliveau à compter de 1990.
La grande galerie de l’Évolution est inaugurée le 21 juin 1994 par François Mitterrand. Projet muséal ambitieux, la galerie va révolutionner le monde des musées d'histoire naturelle.
Samedi 6 octobre, notre arrondissement a été le témoin d'un moment fort de notre politique culturelle et de notre politique en faveur de la biodiversité.
Les acteurs de cet acte culturel majeur du premier septennat Mitterrand étaient présents samedi dernier : Jack Lang, venu également en voisin comme directeur de l'Institut du Monde Arabe, Ségolène Royal, à l'époque ministre de l'Environnement, Philippe Taquet, paléontologue, directeur du Muséum national d’histoire naturelle de 1985 à 1990 ou encore Hélène Waysbord-Loing, chargée de mission pour les grands projets d’août 1983 à juillet 1985, qui a reçu à l'Elysée en décembre 2013, les insignes de commandeur de la Légion d’honneur. Isabelle This Saint-Jean représentait la Région. On notait enfin la présence de la Maire du 5ème arrondissement. On croisait également parmi les nombreux invités M. Alain Bougrain-Dubourg, et Claude-Anne Gauthier, directrice du département des Galeries au Muséum national d’Histoire naturelle, qui expliqua au reporter d'Etienne Dolet le sens de cette restauration qui est une véritable revisitation : "des nouveaux sons et de nouvelles lumières ont été installés pour une immersion totale dans la savane ou encore dans les fonds marins", retrouvant l'esprit de la muséographie installée en 1994 qui, malheureusement, ne fonctionna correctement que dix ans.
Ce moment culturel donna également l'occasion à l'Etat de s'exprimer sur sa politique en matière de biodiversité.
Accompagné de trois ministres, Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, Mme Ségolène Royal, de l'Education nationale, Mme Najat Vallaud-Belkacem, la secrétaire d'Etat à l'enseignement et à la recherche, Mme Geneviève Fioraso, le Président de la République a présenté les principaux axes de la politique de la France dans ce domaine.
Son discours fut précédé par la mise en garde de Gilles Boeuf, biologiste, professeur à l'Université Pierre-et-Marie-Curie, président du Muséum national d'histoire naturelle depuis le 9 février 2009. Nommé également professeur invité au Collège de France, à la chaire annuelle "Développement durable", il plaida en scientifique pour la biodiversité, cette cause qu’il a fait sienne depuis plus d’une décennie. L’intitulé de sa leçon inaugurale au Collège de France, prononcée le 19 décembre 2013, donnait il est vrai le ton : "La biodiversité, de l’océan et la forêt, à la cité". Dans la Grande Galerie, il cita quatre causes majeures expliquant l'effondrement actuel de la biodiversité : la destruction et la pollution des habitats, la sur-exploitation des ressources naturelles, la dissémination anarchiques d’espèces partout sur la planète et le changement climatique. L’homme moderne ne fait que prolonger et amplifier un processus d’érosion de la biodiversité spécifique engagé il y a bien longtemps par nos lointains ancêtres. La cause est-elle perdue ? Que faire ?
L'agence nationale pour la biodiversité au printemps 2015, la Conférence internationale sur le climat en décembre 2015.
Le Président de la République rappela que nous serons jugés par les générations futures à l'aune des espèces qui leur auront été transmises : "Il ne tient qu'à nous de choisir la lumière de la vie contre l'obscurité de la disparition" alors qu'il y a moitié moins d'animaux sauvages sur notre planète qu'il y a 40 ans. Un bilan de l'accord de Nagoya signé en 1992 sur la préservation de la biodiversité doit se tenir ce lundi 6 octobre et la France s'attachera à maintenir les engagements pris au protocole de Kyoto, qu'elle mettra en oeuvre avec la loi sur la transition énergétique débattu cette semaine à l'Assemblée nationale. Une agence nationale pour la biodiversité sera créée au printemps 2015 et Paris accueillera au Bourget en décembre 2015 la Conférence sur le climat, un événement à proprement parler planétaire. Avec cette conférence, la France entend parvenir à un accord normatif universel et différencié, c’est-à-dire un accord qui s’applique à tous les émetteurs de gaz à effets de serre tout en tenant compte des différences de développement des pays. Il s’agit d’atteindre l’objectif maximum de deux degrés de hausse de la température mondiale par rapport à l’ère préindustrielle. C’est un objectif très ambitieux par rapport à la trajectoire actuelle qui est catastrophique. Le nombre des réfugiés climatiques est ainsi d'ores et déjà trois fois supérieur à celui des réfugiés dont l’exode est dû aux conflits.
La Grande Galerie n'est donc plus seulement un acte de conservation d'un monde disparu. C'est aujourd'hui un instrument de préservation active de la biodiversité pour que demain notre monde soit plus vivable et que l'homme, animal social, prenne conscience de ses responsabilités sur la Nature. Tout visiteur du Jardin des Plantes peut, en passant la porte de la Grande Galerie, en prendre conscience.
Gilles Boeuf Président du MNHN |
Najat Vallaud Belkacem, Geneviève Fioraso, Ségolène Royal |
Jack Lang |
Hélène Waysbord |
Alain Bougrain Dubourg |