5eG : Pensez-vous que votre expérience comme présidente
d’université puisse vous être utile en tant que maire d’arrondissement ?
MCL : Être maire d’arrondissement, ce n’est
évidemment pas la même chose qu’être présidente d’université. Toutefois,
présider une université, ce n’est pas seulement travailler avec des
enseignants-chercheurs, c’est aussi avoir à résoudre de nombreux problèmes liés
à la vie et aux conditions de travail des personnels, aux cursus mais aussi à
la vie des étudiants en dehors des cours. Je suis constamment à l’écoute des
préoccupations quotidiennes de tous ceux qui travaillent au sein de
l’université.
Lorsque
j’étais directrice du Collège Néerlandais à la Cité Internationale
Universitaire de Paris, j’avais déjà été confrontée à l’expérience très
concrète de m’occuper de la vie quotidienne des étudiants, et de gérer un
bâtiment. La Cité Universitaire, c’est une petite ville. J’avais contribué à
mettre en place un relais social international, avec des assistantes sociales
et des psychologues, pour aider les jeunes venant d’autres régions de France ou
des pays du monde entier, souvent fragilisés par leur isolement à leur arrivée
à Paris.
J’ai
été élue présidente à un moment où l’université était mise en danger par la
mise en œuvre de la loi LRU. J’ai toujours eu vis-à-vis de cette loi des
positions critiques, malgré l’obligation que j’avais de l’appliquer. À Paris 3,
j’y ai mis tous les garde-fous qu’il était en mon pouvoir d’installer. J’ai
limité les pouvoirs dévolus à la présidence en créant des lieux de concertation. Je
préside personnellement toutes les commissions paritaires et les comités
techniques car ce sont pour moi des lieux de dialogue social.
5eG : Quelles qualités pensez-vous avoir pour être un bon maire ?
MCL : Tout d’abord, des qualités d’écoute et
de dialogue. On ne peut pas faire le bonheur des gens sans eux, et encore moins
contre eux.
Un
maire d’arrondissement doit aussi veiller à créer et entretenir un cadre de vie
agréable. De ce point de vue, le 5ème arrondissement possède des atouts
exceptionnels. Je tiens néanmoins à être particulièrement attentive à tous les
problèmes de bruit, de sécurité, de propreté que rencontrent les habitants de
nos quartiers au quotidien. Il faut veiller à préserver notre qualité de vie.
À
mes yeux, le maire doit être le porte-parole et l’ambassadeur des habitants de
l’arrondissement. Il doit faire en sorte qu’ils soient fiers d’habiter dans le
5ème arrondissement, fiers des réalisations collectives auxquelles ils
contribuent quotidiennement. Un maire d’arrondissement n’agit pas
seul. Il mène un travail collectif, fondé sur la concertation et l’écoute. Il
doit aussi être capable de prendre des décisions qui fédèrent les énergies.
Je
suis aussi mère de deux enfants, et je connais bien tous les problèmes que
rencontrent les mères qui travaillent : les crèches, la santé, les gardes, les
loisirs. Les équipements publics de notre arrondissement doivent constamment
évoluer pour répondre aux besoins des familles.
Et
un bon maire doit se préoccuper du bien-être de tous. Lorsque j’étais étudiante
à l’École Normale Supérieure, dès ma première année, j’ai effectué des stages
dans des colonies de vacances avec des enfants handicapés. Cela m’a beaucoup
sensibilisée aux problèmes rencontrés par les handicapés. J’ai mis en place à
la Sorbonne Nouvelle une mission Handicap qui a débouché sur des mesures
concrètes en faveur de l’accueil des étudiants en situation de handicap. Ils
sont de plus en plus nombreux à venir étudier dans nos murs. Je suis fière que
notre université soit connue pour cela.(Cinquième Gauche septembre 2013)