On ne prend pas les mêmes mais on recommence
Sur la forme rien n’a changé. On retrouve la même salle Paul Pierrotet et cet éclairage qui a besoin d’être modernisé, les mêmes visages parmi l’assistance et surtout cet accueil personnalisé, par le personnel de la Mairie, à l’entrée de la salle. C’est précisément pour briser cet entre-soi que notre propos est d’en faire le récit, afin que chaque citoyen puisse en bénéficier.
Cependant, le style de la nouvelle Maire tranche avec l’ancien Maire.
Sans vouloir commencer ce compte-rendu par un procès en légitimité, force est de constater que la majorité municipale du 5e, malgré la maitrise manifeste des dossiers par Madame la Maire, ne semble jamais tranquille. Ainsi, le Conseil d’arrondissement du 15 septembre 2014 s’est déroulé dans une ambiance encore assez tendue, les conflits au sein de la majorité ne semblant pas vraiment apaisés et l’agressivité envers l’opposition, qui représente pourtant la majorité du Conseil de Paris, étant toujours vive.
Aussi dès le début de la séance, le ton est donné.
Alors que les PV des séances du 2 et du 23 juin 2014, sont adoptés à l’unanimité, Madame Lemardeley fait remarquer qu’elle n’a pas été conviée aux différentes manifestations proposées par la municipalité.
Monsieur Tiberi, prend aussitôt la parole pour s’étonner de cette remarque, suivi par Monsieur Baetche qui lui répond avec une certaine ironie, que toutes les invitations lui ont été adressées à son adresse personnelle et que « si elle y était », elle aurait dû les recevoir ! Comme si Madame Lemardeley devait justifier sa présence dans un arrondissement où elle travaille et habite depuis des années !
Rentrée scolaire : tout va bien
Par la suite, Monsieur Soppelsa, Adjoint à la Maire du 5e arrondissement, présente une communication sur la rentrée scolaire. Il indique au préalable que « tout se passe bien », notamment après une douzaine de visites sur place.
Puis il en vient à s’attribuer l’obtention du maintien de la 3e classe de 6e au collège Lavoisier, alors que c’est surtout grâce à la mobilisation des parents d’élèves, en particulier de la FCPE, que le rectorat a accepté de maintenir cette classe.
En effet, Monsieur Soppelsa a argué que les effectifs des élèves n’étaient pas en baisse dans le 5e, contrairement aux affirmations de l’IA.
Avec 1186 élèves en maternelle et 2050 élèves en élémentaire, on constate une légère diminution des effectifs, certes la maternelle comptait 1214 élèves en 2013, mais l’élémentaire en perd 15 par rapport à la rentrée 2013.
Accepter un redécoupage de la carte scolaire serait une solution que la municipalité du 5e n’est pas prête à envisager.
Par ailleurs, Monsieur Soppelsa s’est satisfait du bilan de la caisse des écoles avec 60 à 65% de produits BIO utilisés pour les 560 000 repas annuels.
En ce qui concerne l’Aménagement des Rythme Scolaires (ARE), obligatoire à la rentrée 2014, Mme la Maire a annoncé la mise en place de 2 comités de suivi (un pour la maternelle et un pour l’élémentaire), car elle estime que l’ARE crée une « rupture » entre le pédagogique et le temps récréatif en élémentaire et qu’il n’y a pas cette rupture en maternelle, s’inscrivant dans cette vision traditionnelle de la droite, qui envisage l’école maternelle comme une garderie et non comme un lieu d’enjeu pédagogique essentiel…
Pour rappel : la loi sur les nouveaux rythmes scolaires permet de favoriser les apprentissages fondamentaux le matin, au moment où les élèves sont les plus attentifs ; bénéficier de 5 matinées au lieu de 4 pour des temps d'apprentissage plus réguliers. D’ailleurs, Madame Cohen-Solal demande des précisions sur la composition de ses comités de suivi. Il s’avère que l’opposition n’y sera pas associée, Madame la Maire estimant qu’il s’agira de dresser un bilan « éclairé et technique » de l’ARE et non politique.
Au sujet des structures « Petite enfance », Madame la Maire s’offusque que la Ville de Paris fasse voter en Conseil d’arrondissement des subventions pour l’année en cours. Mais nous supposons que Madame Berthout ne souhaiterait pas voir toutes les structures cesser leurs activités d’accueil le temps de l’approbation des subventions dans tous les arrondissements ?! Les familles, elles, seraient bien embarrassées !
Madame la Maire annonce qu’elle souhaiterait voir évoluer toutes les structures « Petite enfance » de l’arrondissement sur le modèle de « Tambour et Trompettes », c'est-à-dire vers du multi-accueil, offrant une plus grande capacité d’accueil. A ce sujet, Monsieur Tibéri annonce que tous les équipements « Petite enfance » de l’arrondissement vont bénéficier de rénovations et de mises aux normes par la Ville de Paris. Il faudra donc envisager des restructurations importantes (par exemple, pour compenser le manque à gagner, de 82 places, pendant les travaux de la crèche Poliveau).
Un CICA en octobre sur la santé
La proposition de modification du Comité d’Initiative et de Consultation d’Arrondissement (CICA) est adoptée à l’unanimité, Madame la Maire annonce que le prochain se réunira sur le thème de la santé, courant octobre, et invite à faire des propositions sur les prochains thèmes.
Les différentes subventions ou conventions, portant sur la mise à disposition des salles du Conservatoire municipal Gabriel Fauré et la subvention à la Fondation Œuvre de la Croix Saint- Simon (20e) pour le multi accueil Tambour et Trompette (5e), sont adoptées aussi à l’unanimité. Il est précisé que le Directeur du Conservatoire du 5e, Monsieur Merlin, quitte ses fonctions et est remplacé par Monsieur Hassen Larbi, compositeur et chef d’orchestre, en octobre.
Quel pluralisme local ?
Puis le sujet de la composition des Conseils de quartier est abordé : 4 membres sont des élus de l’arrondissement (dont l’opposition), 9 autres sont nommés et 8 tirés au sort parmi les candidats au sein des habitants volontaires.
Sur ce point, le représentant des verts, Monsieur Audouin, regrette que la majorité des membres continue d’être nommée et que la présidence de chaque conseil soit assurée par un élu de la majorité.
Il indique aussi que la publicité a été restrictive à la fois pour le tirage au sort des candidatures (qui a eu lieu le 5 septembre) et qui a été effectuée à des horaires ne permettant pas à tous les élus de venir, ainsi que la publicité de l’appel à candidature auprès des habitants.
Monsieur Tibéri répond que l’appel à candidature a été diffusé « dans tous les foyers » pendant l’été et fait savoir que lors des conseils de quartiers, les personnes sont libres de prendre la parole.
Monsieur Audouin fait remarquer que le journal privé de la mairie du 5e ne permettait pas d’informer l’ensemble des habitants du 5e. Madame la Maire a répondu sur ce point que c’était un journal associatif et elle incitait vivement l’opposition à en créer un.
Madame Cohen-Solal demande où se réuniront les Conseils de quartier car elle estime qu’il serait légitime et logique que ce soit dans chacun des 4 quartiers concernés. Madame la Maire se déclare favorable à ce que des « délocalisations » puissent avoir lieu. Cependant Monsieur Baetche estime que les conseils de quartier doivent avoir lieu en mairie, car « c’est la maison du peuple » ! Les 3 élus d’opposition s’abstiennent, sur ce vote.
Pour un 5ème propre
Madame Hautval présente ensuite le Programme Local de Prévention des Déchets 2014 (non sans peine, puisqu’elle est continuellement interrompue par Madame la Maire).
Madame Hautval met en avant les associations retenues par la Ville de Paris pour la qualité innovante des actions qu’elles proposent (le but étant d’arriver à une réduction de 7% du volume des déchets ménagers sur 5 ans). Madame la Maire demande que la Ville de Paris mène des actions plus ciblées dans le 5e arrondissement.
Madame Cohen-Solal souligne que le 5e pourrait se mettre en avant par des actions sur le recyclage du textile. Monsieur Baetche, rétorque que c’est la Ville de Paris qui a supprimé la collecte de vêtements. Madame Hautval tempère en rappelant qu’il y a une zone de collecte en mairie et plusieurs autres points dans l’arrondissement.
Le plan local des déchets est donc approuvé à l’unanimité, ainsi que les autres points suivants : (les études de reconnaissance des sols de Paris, la subvention d’un montant de 55.578 euros pour la Caisse des écoles, celle de 4 000 euros pour la Société de Port-Royal, le partenariat entre l’association les Restaurants du Cœur, la société SODEXO et la Ville de Paris, et les modalités de passation du marché relatif au nettoiement des voies publiques parisiennes avec des engins laveurs à haute pression à eau chaude).
La solidarité dans le 5ème
Puis, Madame Gabadou et Madame Kaloustian se font concurrence pour rappeler les opérations de solidarité prévues : collecte pour la Banque alimentaire fin novembre et collecte pour les relais « Bébés du Cœur » du 1er au 6 décembre.
Domaine public, domaine privé
En revanche, la convention de concession du parking Lagrange Maubert (présentée par Madame Hautval) suscite une opposition franche de Madame la Maire envers l’exécutif parisien. Madame Berthout s’abstient car elle trouve le contrat « peu clair », s’étonne que la Ville de Paris fasse « un cadeau à un opérateur privé » et qu’elle redoute des coûts plus importants que ceux prévus initialement.
Monsieur Tibéri renchérit en notant que le manque d’information de la part de la Ville de Paris est récurrent. Malheureusement, l’opposition manque de maîtrise sur ce dossier… Monsieur Audouin argumentant simplement sur le fait qu’il s’agit de confier la gestion de ce parking à une société d’économie mixte, alors que Monsieur Baetche, grandiloquent, accuse les élus de gauche de « voter pour le grand capital » ! Seuls les 3 élus de l’opposition ont voté pour ce point.
En ce qui concerne la concession pour l’affichage publicitaire et son exploitation, la droite lance un nouvel appel du pied en direction des Verts, qui ne manquent pas de rappeler, par le biais de Monsieur Audouin, qu’il s’agit de « pollution visuelle et de privatisation de l’espace public à des fins commerciales ».
Aussi, Monsieur Audouin reçoit le soutien de Madame Laingui, alors que Madame Hautval souligne que ces affichages ont lieu sur des palissades de chantiers. Même Monsieur Baetche se sent écologiste et annonce soutenir la position de Monsieur Audouin.
Madame Lemardeley fait tout de même remarquer qu’à Paris, l’espace public destiné à la publicité est limité à 21%, ce qui est plus restrictif qu’au niveau national.
Madame Kaloustian pose finalement la seule question valable : les nouveaux abris-bus seront-ils aux normes pour les personnes à mobilité réduite ? L’impréparation n’est pas que du côté de l’opposition, puisque Madame Hautval n’a pas la réponse non plus !
Finalement, il y aura 4 votes contre, dont Monsieur Tibéri, Monsieur Baetche et Monsieur Audouin, 5 votent pour, dont Madame Lemardeley, Madame Cohen-Solal et Madame la Maire. Le reste du conseil s’abstient.
Voeux en pagaille
Puis le conseil passe à l’examen des vœux. Les plus débattus sont :
- celui sur l’élargissement des créneaux horaires d’ouverture des équipements sportifs le soir. La majorité du 5e s’y oppose, pour des raisons de sécurité, tandis que l’opposition explique que les associations seraient tout à fait en mesure d’assurer la bonne marche des lieux.
- celui sur les perturbateurs endocriniens qui laisse perplexe : nouvel appel du pied de la droite envers les écologistes, où les positions de Monsieur Audouin sont mises en avant par la majorité.
- celui dans lequel la droite se mobilise pour la méritocratie, en dénonçant la suppression des bourses aux étudiants les plus méritants, et propose que la ville de Paris, mette en place un système de bourse au mérite, identique, à celui qui disparait. D’ailleurs, la droite dénonce cette suppression, qui selon eux, a pour unique but de « faire des économies » tout en déclarant que cette mesure ne « fait pas honneur au front populaire » ! Ce vœu est voté par la majorité municipale du 5e, et l’opposition vote contre.
- celui sur l’extension, le soir, des horaires d’ouverture des sanisettes, voté à l’unanimité.
- Puis, Madame Gabadou présente le soutien de la majorité municipale aux personnels des structures « Petite enfance » en grève : Madame Lemardeley rappelle l’importante politique de création de postes engagée par la Ville de Paris, signale qu’en réalité cette grève n’est suivie que par 9% des personnels et que le taux d’encadrement dans les crèches à Paris est supérieur au taux national.
- Un vœu déposé par l’opposition municipal qui concerne la célébration de la Libération de Paris dans le 5e arrondissement. Madame la Maire soutient immédiatement ce vœu et, prenant l’opposition de vitesse, propose d’y définir les modalités lors d’une prochaine réunion.
- Un autre vœu est proposé par l’opposition, portant sur l’organisation du Forum des Associations. Madame la Maire propose également de faire une réunion de bilan le 18 octobre 2014.
- Enfin, Madame Lemardeley propose un vœu visant à l’organisation d’une réunion publique de concertation, en mairie du 5e arrondissement, sur la modification du Plan Local d’Urbanisme (PLU) de Paris. Là aussi, Madame la Maire prend de court l’opposition en annonçant une réunion de concertation qui aura lieu le 22 octobre 2014 à 19h.
L’avis d’Etienne Dolet
Après plus de 4 heures de débats, d’exposés, on constate que le style de la nouvelle Maire est clairement différent de l’ancien Maire. Elle maîtrise ses dossiers, anticipe la réaction de l’opposition et surtout préside les réunions publiques, le temps qu’il faut, jusqu’à en épuiser les membres.
À l’avenir, il serait urgent pour l’opposition de mieux se coordonner sur l’examen des dossiers, en vue notamment de les maîtriser plus sûrement et ainsi faire face au dynamisme de la nouvelle Maire dont la stratégie semble vouloir utiliser son endurance et sa vivacité pour épuiser son opposition et son auditoire.