Une troisième et ultime réunion de concertation se tenait vendredi 11 mars à la mairie du 5ème sous la présidence de la maire de l’arrondissement, dans l’étroite salle Pierrotet, propice à entasser le public et limiter ainsi l’affluence. Elle était toutefois réelle bien que les principaux usagers de la place, les étudiants et les jeunes, aient été totalement absents du public alors que ce lieu reste très fréquenté par les usagers des nombreux établissements scolaires et universitaires à proximité. L’aménagement d’une grande place méritait pourtant une grande salle !
Autre raté de la concertation, de la Ville cette fois. On aurait aimé écouter l’adjoint en charge de l’opération, l’élu Christophe Najdowski, et pas seulement des fonctionnaires -certes courageux- ou ne pas apprendre cinq jours avant l’ultime étape de la concertation, dans un quotidien du dimanche, le choix arrêté par la Ville. La démocratie participative est un processus toujours perfectible.
Sur le fond, la controverse s’est focalisée sur la suppression des places de parking.
Sur 218 actuelles, 2/3 vont disparaitre soit 141 et 77 resteront. Pour Florence Berthout et les riverains, dont certains qui se considèrent comme copropriétaires de la place, c’est inacceptable. Laurent Audouin a vaillamment défendu le principe de compensation, des places vacantes de parking existant en sous-sol, et de réalité, la baisse tendancielle (2% l’an) de l’usage de la voiture à Paris, seul un habitant du 5ème sur trois en utilisant. Marie-Christine Lemardeley, peu convaincue et donc peu convaincante, a rappelé pour sa part le vote antérieur unanime du Conseil d’Arrondissement en faveur des « circulations douces », vaste concept… La disparition du garage Mercedes au droit de Jussieu a également été évoquée, mais non l’existence de places vacantes dans les copropriétés privées qu’il faudrait valoriser.
Le stationnement des cars est une vraie plaie pour notre arrondissement. Avec les nouveaux sens de circulation, pourront-ils toujours faire le tour de place ou son côté nord sera-t-il réservé exclusivement à ceux de la RATP ? Sinon, vers où s’effectueront les reports des bus mais aussi des automobiles ? On avance un peu en aveugle.
Le manque de stationnement pour les deux roues motorisés et de toilettes publiques ont également été cités. Car ce qui terrorise les riverains, c’est l’animation potentielle de la place, à savoir l’installation d’une « cour des miracles » (sic), et forcément, la « saleté après pique-niques »… Laurent Audouin a su élever le débat en soulignant que les aménagements matériels devaient s’inscrire dans la perspective des nouveaux usages de la Place, valorisant un édifice dont la portée dépasse les riverains directs, pour s’étendre à tout Paris et à la France.
C’est précisément le manque le plus criant, non relevé pendant ce processus de concertation, sauf par Bernard Rullier, à savoir l’absence d’articulation entre les deux rénovations, celle de la place et celle du monument. Seule la projection de vidéo-poèmes a été proposée par un amoureux des lettres, François Beaujeu. On attend les propositions de la Ville et de l’Etat car la fiche internet sur le site de la place évoque « l’utilisation événementielle et la tenue de célébrations nationales » qui « peuvent être réinventées pour encourager de nouveaux usages ». Lesquelles : encore mystère…
Quant à la végétalisation, qui a suscité des ricanements du public, la partie n’est pas gagnée face aux Monuments Historiques. Seule certitude : elle sera basse… Une vigne ou une roseraie avaient pourtant été souhaitées par de jeunes grands-mères romantiques !
Le public s’est ému du coût, annoncé approximativement à 37-40 M€ pour les 7 places parisiennes en rénovation dont 1,5 pour le Panthéon, à mettre en rapport avec les 100 millions budgétés par l’Etat pendant dix ans pour consolider seulement le monument.
On est sorti de cette réunion un peu nostalgique. Une Ville qui annonce une concertation mais ne pousse pas très loin le débat public. Une maire d’arrondissement qui instrumentalise le dossier sur le thème « je ne suis pas entendue donc il n’y a pas de concertation », rappelant la méthode Tiberi. Des élus d’opposition moyennement combatifs. Un public focalisé sur « ses » places de parking, oubliant le précédent de la cour Napoléon du Louvre, ancien parking devenu par un geste architectural audacieux l’une des places les plus célèbres et les plus attractives du monde.
Les travaux ne se réalisant qu’en 2017-2018, ce dossier n’est pas prêt d’être refermé puisque des riverains excédés menacent la Ville de recours administratifs. Le Panthéon et sa place méritent mieux qu’une discussion sur la largeur des trottoirs.